mieux vaut tar...

Publié le par martine chiorino

mieux vaut tar...
"Tár" un film de Todd Field

Synopsis :
Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

Le film est porté par la prestation habitée de Cate Blanchett, qui est de quasi tous les plans. Elle est secondée avec panache par Noémie Merlant, impeccable (césar 2023 de la meilleure actrice dans un second rôle pour L'Innocent). Le reste du casting ne démérite pas, en particulier Nina Hoss dans le rôle de la compagne de la cheffe, et citons aussi la bluffante Sophie Kauer dans le rôle de jeune et jolie violoncelliste que drague Lydia Tàr (Sophie Kauer est musicienne classique, pas comédienne).
Cate Blanchett a eu pour ce rôle le prix d'interprétation à la Mostra de Venise, le Golden Globe de la meilleure actrice, le BAFTA de la meilleure actrice et elle est favorite aux oscars (elle en a reçu déjà deux).

Le principal intérêt du film est bien sur sa peinture au couteau quasi documentaire du milieu de la musique classique, et on salue sa bande son exceptionnelle. A noter que Cate Blanchett a composé certains des morceaux, elle chante également, et c'est plus que convaincant.
Le film lui même est glacé et sophistiqué, intellectuel, bavard (mais pertinent) dans sa première moitié, puis s'emballe ensuite dans une spirale descendante pour la cheffe, dont la vie se désagrège inexorablement, avec alors des irruptions relevant du fantastique (des sons, des motifs visuels,...) ou des digressions à la limite du grotesque (la voisine et sa mère grabataire).
Le tout assorti d'une construction pleine d'ellipses et de zones d'ombres, on doit remplir les blancs et s'adapter aux partis prix visuels du récit (on ne voit jamais le visage de la jeune femme harcelée, juste une chevelure rousse,). Il faut rentrer dans le film : les dix premières minutes sont consacrées au générique de fin, écrit en tout petit.
Il reste une démonstration convaincante de ce que le pouvoir peut avoir de plus malsain, et le fait que le personnage principal (odieux, manipulateur, arrogant et manquant cruellement d'empathie) soit une femme n'est pas anodin : homme ou femme, le pouvoir corrompt. Lorsqu'elle drague et avantage la toute jeune et charmante nouvelle violoncelliste on ne peut que désapprouver et être choquée. Pourtant on peut percevoir un acharnement du réalisateur qui décrit de façon clinique et quasi sadique la déchéance du personnage de Cate Blanchett, acharnement qui peut gêner aux entournures. On se demande même si il aime un tant soit peu son personnage ? (Todd Field dit l’avoir imaginé et écrit pour l’actrice).
Il demeure un grand film maitrisé sur la musique. Et le brillant et acide portrait  d'un personnage passionné dont son art-la musique- est la raison de vivre et l'oxygène (cf la dernière scène), mais qui se laisse dépasser par ses désirs et ses pulsions et détruit alors sa vie privée et sa carrière lorsqu'elle se fait rattraper par ses démons. Mais qui pourtant arrive à nous toucher.
A voir !

Publié dans cinéma

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