lisez moi, pensez à lui !!! la belle culture...

auteur / jeu / prototype

En 1995, l'auteur allemand Klaus Teuber révolutionnait de façon drastique et irréversible le monde du jeu de société avec "Les colons de Catane". Il s'agissait d'un jeu où l'on ne détruisait pas mais où l'on construisait, et ce grâce à des échanges de ressources entre les joueurs. Le jeu dit "à l'allemande" ou "eurogame" était né. Pour le créer, Klaus Teuber a été inspiré par les récits des explorateurs vikings et par sa propre vision de colons débarquant dans une Islande vide au neuvième siècle.
Le jeu propose plein d'innovations : le plateau de jeu est modulable, chacun de ses dix-neuf hexagones est une pièce individuelle, ce qui en fait un puzzle géographique qui présente 244 432 188 000 combinaisons possibles.
Ce jeu est le premier de ce que l'on appelle maintenant "les jeux modernes". On a peine à imaginer aujourd'hui la révolution que cela fut à l'époque, un vrai tsunami !!! Tout le monde avait ce jeu dans sa ludothèque, et il a eu au fil du temps de nombreuses variantes (cartes à deux, version junior, etc) et extensions. Il a atteint les 400 000 exemplaires vendus sur sa première année d’existence, ce qui à l'époque (et le reste même encore aujourd'hui) fut un exploit. Il remporte l'année de sa parution le Spiel des Jahres (l'oscar des jeux).
Dans l'Allemagne du début des années 90, les jeux de société étaient déjà une pierre angulaire de la culture du pays. Il n'était pas rare de trouver des critiques dans les journaux, à côté des livres et des films. Pour de nombreux Allemands, ils constituaient un passe-temps familial aussi commun que la télévision. Le pays accueillait des événements autour des jeux de société d'une ampleur que le reste du monde peine encore à égaler aujourd'hui et le célèbre salon de référence du jeu de société qui se déroule chaque année dans la ville d'Essen, comptait déjà plus de cent mille participants (deux cent mille aujourd'hui).
Le jeu a été édité dans plus de 30 langues différentes et vendu à plus de 32 millions d’exemplaires. Il a été un des jeux les plus vendus pendant le confinement : plus 144% pour les cinq premiers mois de l'année 2020. On l’on a vu dans des séries comme The Big Bang Theory et Parks and Recreation.
Son nom a changé au fil du temps pour Catane (ou Catan selon les pays), parce que "colons" ce n'est pas politically correct...(coucou les dix petits nègres...).

Klaus Teuber était un prothésiste dentaire qui s’ennuyait dans son travail lorsqu’il a commencé à créer des jeux dans son sous-sol dans les années 1980. Il a remporté trois prix Spiel des Jahres, le prix très convoité dans l’industrie du jeu de société. Avant Catan, il avait développé une dizaine d'autres titres après avoir connu le succès avec son jeu de modelage en argile Barbarossa en 1988 (pour lequel il a remporté son premier Spiel des Jahres).

Klaus Teuber est décédé le 1er avril (qui est mon anniversaire - et le second pire de toute ma vie) à l'âge de 70 ans.

 

La petite histoire qui fait la grande :
(extrait article de nos amis suisses de Gus and Co)
En 1963, Klaus Teuber, 11 ans, a reçu un cadeau qui allait changer sa vie : un jeu de société. « Quand j’ai ouvert la boîte du jeu, j’ai aimé l’odeur du jeu », se souvient-il « Ah, tellement merveilleux ! Il y a de l’aventure dans cette boîte ! ».
C’était un jeu de Romains contre Carthaginois. « C’était un jeu de plateau avec de superbes personnages peints, et il fallait lancer les dés pour lutter contre les autres », se souvient Teuber.
Il se souvient avoir joué seul, opposant une armée à l’autre sur un pseudo paysage de rivières, de plaines et de montagnes qu’il avait façonné chez sa famille à Rai-Breitenbach, un village allemand situé au pied d’un château et entouré de forêts. « C’était la toute première étape du développement ultérieur de Catan".
« Lorsque Catan a été commercialisé, c'était l'un des jeux les plus complexes sur le marché » dit-il. Il a donc réduit ses attentes en conséquence. Il poursuit par un euphémisme : « Mais les gens l'ont bien aimé, dès le début. »

« Catan leur offre aussi un sens de la progression : les choses qu’ils construisent restent sur le plateau et se développent. Lancer des dés pour générer des ressources donne un sentiment d'anticipation et d'excitation » – Elizabeth Hargrave, auteure de jeux de société (WINGSPAN, spiel des Jahres 2019 )