un peu d'art...
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Quand au tout début des années 80, la mairie d’Ulassai, son village natal, demande à Maria Lai un monument aux morts, celle-ci répond à l’invitation avec une contre-proposition : créer une œuvre dédiée non pas aux morts mais aux vivants. L’artiste s’empare alors d’une légende locale. Celle d’une enfant chargée d’apporter à manger aux bergers sur la montagne et surprise en chemin par une violente tempête. D’une grotte où elle s’est abritée, la petite fille voit apparaître un ruban céleste. Celui-ci l’attire comme un aimant jusqu’à la faire sortir de son refuge et ainsi la sauver in extremis d’un éboulement. De là, cette proposition : « Relions avec un ruban les maisons les unes aux autres, comme quand on a peur et qu’on se serre la main. Voilà ce que sera l’œuvre ».
«Quand Maria Lai fait cette proposition, le maire et les habitants la regardent avec des grands yeux et lui demandent : « Mais où est l’œuvre ? Où est l’art ? »», raconte Davide Mariani, directeur de la Stazione dell’arte, à Ulassai, musée d’art contemporain né en 2006 de la généreuse donation (150 œuvres) de l’artiste à sa ville. «Et puis les habitants lui disaient : Ecoute, Maria, moi je peux me relier à mon voisin de droite mais pas à celui de gauche parce qu’il m’a jeté le mauvais œil ! ». Face à toutes ces objections, Lai repart mais son idée germe dans le village où quelques-uns mettent au point un code à même d’exprimer les rapports entre les gens : quand entre deux maisons il y a de la rancœur, le ruban passe tout droit ; quand il y a de l’amitié, c’est un nœud qui est fait ; et quand entre deux familles il y a de l’amour, alors y est entrelacé un pain typique préparé pour les fêtes du village.
C’est avec ce code – et 27 kilomètres de tissu bleu ciel – que, le 8 septembre 1981, tous les habitants d’Ulassai, hommes, femmes, enfants et anciens, sortent dans la rue et lient en une heure de temps toutes leurs maisons. Trois alpinistes sont quant à eux chargés de porter au sommet de la montagne le ruban céleste, signe de lien et de paix pour ce petit "pays" entouré de montagnes et qui a, de tout temps, craint les éboulements.
Une vidéo et un reportage photographique de Piero Berengo Gardin sont les traces de l'évènement, aujourd’hui considéré comme le premier épisode d’«art relationnel» en Italie.
Aujourd'hui elle est représentée dans les plus grandes collections et est considérée comme une artiste majeure de l'art contemporain.
On aime ses fascinants «livres cousus», proches d'oeuvres d'art brut, montrés notamment à la Biennale de Venise en 1978. Ces livres de tissus d'où débordent des fils colorés, sont des objets surréalistes, suspendus entre réalité et imagination, avec des pages en tissu et des mots faits de fils emmêlés, des écritures illisibles comme des contes cryptés (diaporama en haut).